J’ai souvent eu l’occasion d’ironiser, ou de déplorer, l’emballement médiatique au moindre ventilateur qui chaufferait un peu trop dans une centrale nucléaire. Alors que, naturellement, quand tout se passe bien, le désintérêt des médias est total.
Sur ce dernier point, le journaliste Denis Desbleds du Courrier Picard m’a fait la surprise de me donner tort. Suite à une violente tempête sur la Normandie, il a publié un article au sujet de la centrale de Penly pour dire que… Tout allait bien en dépit de la tempête.
J’ai partagé sur Twitter mon plaisir de me tromper sur ce point. Ce à quoi beaucoup réagirent par de fausses Unes excessivement alarmistes, alors m’est venu l’envie de partager auprès de tous un événement datant de trois ans plus tôt. Celui-ci, somme toute anodin, avait fait l’objet d’un emballement médiatique laissant presque supposer un accident majeur.
9 Février 2017. Milieu de semaine.
Consommation électrique nationale élevée (79 GW à 9h30, presque 82 GW à la pointe de 19h). Peu de vent, entre 1000 et 2500 MW sur la journée. Peu d’eau dans les barrages. La consommation est couverte par le nucléaire (54 GW) et le gaz, le fioul et même les importations.
Et dans ce contexte, soudainement, 1300 MW de nucléaire se sont effacés avec un arrêt d’urgence sur l’un des deux réacteurs de la centrale de Flamanville. Que s’est-il passé ?
Probablement rien de moins que la fin du monde, à en lire la presse.
Je crois qu’il y a eu une explosion dans la centrale nucléaire.
Et peut-être un petit mouvement de panique.
Ou en tout cas un bon travail de préparation pour s’assurer de surfer sur une éventuelle vague de panique.
Y’en a des pages et des pages comme ça… Et dans les faits ? Un ventilateur (pour ventiler une machinerie, hein, pas un ventilo pour se rafraîchir) a clamsé en salle des machines (zone industrielle conventionnelle, non nucléaire).
Équipement sans importance pour la sûreté, mais dégagement de fumée qui a légèrement incommodé 5 employés (oui, voilà les 5 blessés), et conduit à l’arrêt immédiat du réacteur. Et il semblerait qu’aient été rapportés un ou plusieurs témoignages d’une détonation du ventilo.
Alors ça peut tout vouloir dire, mais voilà comment on se retrouve à alarmer toute la France pour un incident industriel complètement quelconque (à part l’impact sur la prod électrique, à la limite). Live-tweets et compagnie, hein ! Grande folie !
Et puis derrière, lorsque la presse locale essaye d’en savoir plus dans le courant de la journée, qu’ils ne trouvent personne dans la centrale qui ait été stressé (par contre j’vous parle pas des familles) ou même qui ait entendu quoi que ce soit… Bah la réaction des journalistes et des employés devant cette explosion médiatique (bien réel, elle), elle est assez unanime.
Mais n’essayez pas de caricaturer les médias quand il s’agit d’en faire des tonnes sur un crayon qui tombe par terre dans une centrale nucléaire. Vous n’serez pas à la hauteur des professionnels.
Bonus.
Pas l’même emballement médiatique heureusement, mais rendez-vous compte quand même : y’a un sèche-main qui a fumé dans les toilettes.