Intrusions malveillantes dans les installations nucléaires.

Nous allons parler des intrusions de petits hommes verts de Greenpeace et leurs associés dans nos centrales nucléaires.

Je vais commencer par un petit préambule… La protection des installations et des matières nucléaires (notamment celles à risque de prolifération) contre les actes malveillants, que l’on appelle tout simplement « protection physique », n’est pas une branche de la sûreté nucléaire. On parle là de sécurité nucléaire, et ce domaine n’est ni sous surveillance de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, ni soumis aux mêmes obligations de transparence que l’est la sûreté. Et pour cause : dans le cas de la lutte antiterroriste en particulier, l’information est une arme, et le secret fait partie des lignes de défense.

Ainsi, je ne vous offrirai ici d’exposé exhaustif sur la sécurité et ses démarches qui ne sont pas un domaine très connu du grand public, ni de moi-même d’ailleurs. Mais je présenterai simplement, brièvement, quelques concepts illustrant en quoi les opérations de communication de Greenpeace s’introduisant dans l’enceinte de centrales nucléaires… ne sont que des opérations de comm’.

Vous pouvez retrouver le thread initial ici.

Tel que mentionné ci-dessus, une centrale nucléaire couvre une vaste surface. D’une centaine d’hectares pour la centrale de Fessenheim (deux petits réacteurs très proches, sans tours aéroréfrigérantes) à plus de quatre cents hectares pour celle de Cattenom (quatre gros réacteurs amplement espacés et dotés chacun d’une énorme tour aéro).

Ainsi, il en résulte qu’il est quasiment impossible de cercler cette superficie d’un rempart infranchissable, sauf à mettre des vigies (voire des tourelles ?) qui tireraient sur tout individu identifié comme tentant de s’introduire.
On va être gentil et supposer que ce n’est pas là une revendication de Greenpeace, même si l’on peut s’interroger – c’est à débattre.

Il serait donc illusoire de faire de l’infranchissabilité de la clôture un élément déterminant de la protection physique. La protection physique ne peut pas et ne doit pas, et donc ne repose pas sur cela.

La clôture a pour fonctions de délimiter l’enceinte de la centrale, et de permettre la détection d’une intrusion tout en freinant celle-ci. Pas la stopper, on ne peut pas compter là-dessus, on ne compte pas dessus. Et le franchissement d’une clôture n’est donc pas une défaillance.

Or, les actions de Greenpeace se limitent à des franchissements. Ils prétendent mettre à l’épreuve l’impénétrabilité des centrales nucléaires, impénétrabilité qu’eux seuls prétendent. Leurs intrusions ont, jusqu’à preuve du contraire, toujours été détectées et interceptées, sans que jamais ne soit compromis l’intégrité des installations (et donc leur sûreté). Elles n’ont pas même conduit les opérateurs à commander l’arrêt du réacteur visé.

Autrement dit, leurs actions ne démontrent littéralement rien. Il n’y a pas d’alerte lancée, pas de démonstration de vulnérabilité, seulement un joli coup médiatique.
Et c’est même ce qu’ils vont parfois plaider devant les tribunaux !

« Jugez ces faits de grâce pour ce qu’ils sont : le franchissement d’une clôture et de deux grillages »

Me. Alexandre Faro, avocat de Greenpeace cité par La Croix.

Greenpeace incite ses militants à se mettre en danger, physiquement d’une part, et en s’exposant au risque de condamnations en justice d’autre part, pour les besoins de leur communication.

Deuxième tort, ils crient à tout va qu’ils sont des « lanceurs d’alerte ». Or, je considère – à titre personnel – que, de la sorte, ils nuisent au statut de lanceur d’alerte, le décrédibilisent en se l’appropriant pour ce genre d’action. Réalisez-vous qu’ils mettent ce genre d’action sur le même plan que divulguer des preuves de comportements litigieux d’une entreprise, d’un gouvernement, d’une organisation ? Imaginez-vous le tort si, demain, quelqu’un se mettant professionnellement ou personnellement en danger pour lancer une véritable alerte, preuve à l’appui, se voyait associer à ces petits hommes verts ?

Je pense qu’au-delà de la manipulation de l’opinion publique au travers de ces opérations médiatiques, on a là un problème grave.

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