Du charbon en France en plein été 2020

Pour commencer, nous arrivons à l’automne. A l’automne, on a toujours pas mal de maintenance de réacteurs nucléaires, toujours dans cette idée de maximiser la disponibilité quand viendra l’hiver. Même idée pour les barrages : on garde l’eau pour l’hiver.

Par contre, à cette période, on a des températures qui peuvent redescendre (bon, pas cette année) et une activité économique qui redémarre avec la rentrée.

Des capacités de production limitées donc, et une consommation qui redémarre : on fait appel aux fossiles (gaz, charbon) et aux importations. C’est assez courant, chaque année. Même si je dirais plutôt octobre et novembre que septembre, d’habitude. Cette année, seulement, ça va moins bien que d’habitude. Il y a quelques très médiatiques réacteurs arrêtés ou limités en puissance en raison du climat (chaleur ou débit de l’eau) mais c’est anecdotique, ça.

Le gros du problème vient bien d’une disponibilité particulièrement basse du parc nucléaire, mais pas pour ces raisons.

Vous avez entendu parler de l’épidémie l’hiver dernier ?

Elle a eu des conséquences sur le fonctionnement du parc nucléaire. Le moins grave, c’est une moindre production (car faible demande), donc une moindre usure du combustible, donc un décalage des plannings de rechargement des cœurs.

Le plus grave, c’est un décalage des maintenances qui pouvaient l’être, pour éviter notamment d’exposer les personnels au virus sur les chantiers. Les maintenance bien planifiées se retrouvaient un peu n’importe comment. En l’état, ça aurait eu des conséquences graves sur la disponibilité du parc cet hiver. Et il n’était pas garanti qu’on passe l’hiver sans avoir recours a des mesures drastiques pour éviter le blackout. EDF, en coordination avec RTE et le gouvernement, a réétudié tous ses plannings pour réduire au maximum l’impact sur la disponibilité hivernale du parc. Avec succès. Je vous laisse regarder ce graphique et tout le thread qui suit :

Graphe plus exhaustif :

Vous le voyez, éviter la cata pendant l’hiver nous contraint a être plus secs cet automne. RTE a d’ailleurs annoncé qu’une grosse vague de froid précoce (c’est pas trop la mode par chance) en novembre pourrait nous mettre en difficulté.

Voilà. Vous savez pourquoi on brûle du gaz, du charbon, et pourquoi on importe du courant en quantités en ce moment. Y’a une part de normalité, une part de covidisme. Et j’ajoute aussi que covid ou pas, beaucoup de réacteurs sont en maintenance en raison d’une concordance de visites décennales de pas mal de tranches. Enfin, on ne manquera pas de mentionner des grosses défaillances (les deux réacteurs de Flamanville dont les arrêts ne finissent plus) et l’arrêt évitable des deux réacteurs de Fessenheim. Deux événements qui, sans être significativement impliqués dans le naufrage, tirent quand même le navire vers le bas.

Ah, oui, et la disponibilité éolienne est… Normale pour une période chaude. C’est a dire pas bonne. Et le soleil ne brille toujours pas la nuit.

Si ça peut vous rassurer, concernant les émissions de CO2 de ce gaz et ce charbon qui brûlent, je me dis que c’est du gaz et du charbon qu’on s’évite de brûler cet hiver. Donc c’est juste un déplacement dans le temps des émissions qu’on aurait hélas faites dans tous les cas.

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